Graphème
Le graphème est l’écriture représentative d’un phonème, autrement dit la façon d’écrire un son.
Comme le phonème, en linguistique, le graphème fait partie de la « deuxième articulation » ; la première étant le sens.
Le parallélisme entre phonème et graphème ne s’arrête pas là.
De même qu’un phonème est décomposable en traits distinctifs minimaux ( /b/ possède les traits ‘bilabial, occlusif et voisé), le graphème simple est constitué d’éléments fondamentaux (« b » possède une hampe, ou trait vertical, et une panse, ou partie arrondie et une orientation) que l’on retrouvera dans d’autres graphèmes. C’est l’assemblage de ses éléments constitutifs qui lui donnera un corps.
Tous ces éléments fondamentaux, auxquels il faut ajouter les signes diacritiques (accents, cédille, tréma) permettent d’écrire les 39 graphes du français, pour transcrire les 32 phonèmes (13 voyelles et 19 consonnes).
Le graphème peut être simple (o, i, u, …) ou composé (ai, eau, …). Son écriture peut varier, sans qu’il change de valeur pour autant : « m » peut s’écrire en minuscule, en majuscule, en script, en cursive, en différentes polices de caractère. Ce sont alors autant d’allographes du même graphème.
Le graphème relève de l’écriture (on parlera de « calligraphie » pour une belle écriture), mais il vaut mieux parler de « gramme » pour la lecture.
Le graphème est donc la plus petite unité du système d’écriture, et ce qu’on appelle communément la « lettre » (le graphe) est un de ses éléments constitutifs.
Le linguiste V.G. Gak a classé les graphèmes en trois catégories :
1) les graphèmes simples (« x » pour deux phonèmes /ks/) et complexes (« ch » pour un seul phonème /S/) ;
2) les graphèmes synonymes (« ai », « ei ») et homographes (« ill » pour /j/, /ij/, /il/) ;
3) les graphèmes incomplets (« M. » pour Monsieur, « O.N.L. » pour Observatoire National de la Lecture) et pleins pour une valeur nulle (« ct » dans « suspect »).
Ces trois catégories seront utiles pour la lecture de bas niveaux, en permettant à l’enseignant d’établir des progressions ordonnées.
Nina Catach quant à elle avaient proposé un classement en 3 types de graphèmes :
1) les phonogrammes, qui sont fidèles au principe d’un symbole visuel pour un son. Ils représentent plus de 80% du système. Parmi eux, seuls « j » et « v » possèdent une seule valeur de base possible. Les autres peuvent avoir une valeur de position (« c » devient /s / devant «i » et « e », mais /k/ devant « « a », « o », « u » ; « b » vaut /b/ dans « hebdomadaire » mais /p/ dans « observatoire » ; « ent » vaut /ã/ dans « moment », mais ne se prononce pas dans « jouent »).
2) les morphogrammes, qui marquent une spécification grammaticale (les marques de genre et nombre) ;
3) les logogrammes, graphies complexes qui permettent d’éviter les ambiguïtés (« eau » et « haut » ; « rend » et « rang ») et de distinguer les homophones.
Ces trois catégories seront utiles pour la lecture de haut niveau.
On le voit, la notion de graphème est loin d’être simple, et sa richesse notionnelle est bien supérieure à celle du mot « lettre », que l’enseignant réservera à un usage quotidien en classe.